72 – Effets, draw, fade, slice et autres

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Mis à jour le 5 janvier 2023

Au golf les effets bénéficient d’un statut particulier. Soit ils sont perçus comme des empêcheurs de tirer tout droit, soit ils provoquent l’admiration et sont vus comme des musts que seuls les « très bons » peuvent pratiquer.
Pourtant effets draw fade slice ne doivent rien au hasard ! Essayons de comprendre.

effets draw fade slice
Le Trackman très utilisé aujourd’hui permet de visualiser les trajectoires de balles.
Quasiment aucune n’est vraiment rectiligne !

D’abord il faut admettre qu’il est impossible de ne pas faire tourner une balle de golf frappée avec un club. Donc les effets sont la chose au monde la mieux partagée par les golfeurs. Les images prises au Trackman suffisent à nous persuader : la balle ne file quasiment jamais droite comme un I !

Les caprices de la petite balle !

Sans entrer dans des considérations trop complexes, une balle de golf qui tourne sur elle même est en rotation autour d’un axe qui passe par son centre de gravité.  On nomme cette rotation spin. Le mot vient de la mécanique quantique. Son sens premier n’est pas totalement respecté ici, mais peu importe. De toutes façons, si une balle tourne sur elle-même, elle est énergétiquement chargée.
Dès qu’une balle de golf se met en rotation, c’est à dire dès qu’elle est frappée avec un club, elle est dotée d’un spin, donc d’une énergie de rotation. C’est la vitesse et la direction de ce spin qui déterminent l’amplitude et le sens de l’effet.

Schématiquement il y a quatre types d’effets qui donnent quatre résultats différents :
– la balle amorce un virage  à droite ;
– la balle amorce un virage à gauche ;
– la balle retourne en arrière à l’impact c’est le fameux backspin ;
– la balle roule vers l’avant à l’impact, c’est le très utile topspin qui fait gagner quelques mètres de roule.

Mais comme la balle est une sphère ayant donc un nombre infini d’axes passant par son centre de gravité, tout est possible. Par exemple un axe de rotation incliné à 45° à droite peut donner à la fois du backspin et une balle qui vire à gauche !

La force physique responsable de ces trajectoires est la force de Magnus, du nom de son découvreur, le physicien allemand Heinrich Gustav Magnus (1802-1870). Sans entrer dans les détails une balle ou un ballon en rotation dans l’air va par frottement modifier la vitesse d’écoulement de l’air autour d’elle. Il s’ensuit la création de différences de pression de part et d’autre de la balle. La balle va être comme attirée par une force du côté où la pression est la plus faible. C’est l’effet Magnus. Un article très complet sur la balle de golf et sa rotation ici.

Effets draw fade slice et autres

Le schéma ci-dessous emprunté au Figaro Golf représente les principaux effets (il en existe d’autres, mais ça complique inutilement car de toutes façons la balle part à droite ou à gauche). Leurs noms valent pour un joueur droitier, pour un gaucher il convient de passer les noms symétriquement de droite à gauche.

effets draw fade slice
Les effets de balle au golf. © Le Figaro Golf

Les quatre effets en brun éloignent la balle de la ligne droite qui conduit au drapeau et nous empoisonnent la vie, ceux en bleu la ramènent vers cette ligne et devraient nous aider… à condition de savoir les produire !
Si on regarde la balle depuis son pôle nord, le hoock, le pull et le draw nécessitent une rotation dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, alors que le slice, le push et le fade demandent une rotation dans le sens des aiguilles d’une montre. Bien sûr, ces sens s’inversent pour un gaucher.

Deux paramètres déterminent le sens de rotation de la balle :
– l’orientation de la face de club au moment de l’impact
– l’orientation du chemin de club
Deux paramètres interviennent comme facteurs amplificateurs :
– la vitesse de la tête de club
– la vitesse du vent. Nous n’en parlerons pas mais il faut en tenir compte.

Explication pour un slice !
– la face de club arrive ouverte sur la balle. La balle entre en friction avec la face et se met en rotation dans le sens des aiguilles d’une montre pour un droitier et va s’échapper à droite (inverser pour un gaucher).
– un chemin de club extérieur -> intérieur, même si la face est square à l’impact, provoque une friction qui met la balle en rotation dans le sens des aiguilles d’une montre (inverser pour un gaucher).
De plus, facteur amplificateur, dans les deux cas plus la tête de club va vite, plus la rotation est rapide et plus l’effet est important…

« Et voilà pourquoi votre fille est muette » comme dit Sganarelle dans le Malade imaginaire !
Mais non c’est facile il faut juste se concentrer un peu ! Et ne pas perdre de vue que le golf est un sport de réactions contraires aux actions.

Comment éviter le slice

effets draw fade slice
Un slice de droitier visualisé au Trackman

En réalité la solution ne consiste pas à tenter de corriger le slice. C’est un effet comme un autre et il peut être utile ! Il faut se souvenir du conseil de Jack Nicklaus : « Concentrez vous sur les solutions pas sur les problèmes ».

Dans l’article « La sensation du swing – La carte et le territoire » une règle absolue pour tout apprentissage est proposée : « On ne règle pas un défaut en cherchant à l’éviter, on le règle en le transgressant par une action positive. »

L’action positive pour ne pas faire de silice consiste à jouer en draw ! C’est à dire pour un droitier à faire tourner la balle de droite à gauche et pour un gaucher de gauche à droite…
La question devient donc : comment faire un draw ?

Mais d’abord apprenons à réaliser un fade. C’est plus simple !

Pour réaliser un fade

Il est utile de savoir réaliser un fade. Par exemple pour attaquer un green et s’assurer que la balle ne va pas rouler trop loin après l’impact au sol.
Je vous épargne un laïus. Cette vidéo de Ma Chan, enseignant au golf de Forges-les-Bains explique tout, simplement. Et ça marche !

Pour réaliser un draw

Un tout petit peu de théorie avant de passer à la pratique. Je vais parler pour les droitiers, ils sont plus nombreux. Les gauchers dont je suis ont l’habitude de traduire…

1 / Nous voulons que la balle parte à droite ! 
C’est à dire à droite de la ligne qui va de la balle à la cible (voir l’article Cible et Focus). Bien sûr l’angle entre la ligne de cible et la ligne de frappe ne va faire que quelques degrés.

2 / Pour que la frappe soit bien intérieur -> extérieur et fasse bien partir la balle à droite, il faut placer celle-ci dans la partie de l’arc de cercle magique avant le point bas, c’est à dire à droite du sternum avec un fer. Avec le driver, pour frapper en remontant, la balle doit être 15 cm à gauche du sternum et en face du sternum avec un bois 3.
Comme nous ne sommes pas tous exactement fait sur le même modèle chacun devra trouver le meilleur endroit où placer sa balle. Cette recherche est à faire au practice.

3 / Nous voulons que la balle tourne à gauche pour revenir vers la cible. 
Quatre choses vont nous y aider :
la posture : pieds alignés parallèlement à la ligne qui va de la balle à la cible, épaules alignées parallèlement à la ligne qui va vers le focus, dans la direction de la libération du club. D’où une ligne d’épaules fermée par rapport à la ligne des pieds.
l’orientation de la face du club. La face doit être sensiblement fermée dans les mains, ce qui l’emmène square à la direction de libération quand elle est derrière la balle.
le grip. Un grip faible est nécessaire pour ramener la balle vers le centre du jeu, c’est à dire vers la gauche pour un droitier.
le finish :  il est impératif de le conduire jusqu’au bout. Nous nous retrouvons alors dans l’alignement des pieds, boucle de ceinture face à la cible !

Ici aussi une vidéo de Ma Chan qui donne des résultats !

Et le backspin

Et bien dès que nous utilisons un fer ou un bois nous créons tous du backspin !
Avec un sand wedge correctement joué, nous, modestes golfeurs de loisir donnons à notre balle une vitesse de rotation  comprise entre 6 000 et 8 000 tours/minute ! Les pros beaucoup plus… Pour les septiques tentez une séance avec TrackMan.
Nous ne trouvons pas nos backspins assez spectaculaires ? La balle ne revient pas en arrière ? Réfléchissons ! Est-ce bien utile. Nous sommes souvent « courts du drapeau », faut-il en plus faire reculer la balle ?
Voici une vidéo de Renaud Poupard qui présente les conditions à remplir pour faire un backspin spectaculaire.
Mais à vrai dire pour créer un backspin qui provoque le retour de la balle il faut lui donner une grande vitesse de rotation, donc la contacter avec un club dont la tête va très vite.
Sommes-nous tous capables de donner un tel dynamisme à nos swings ? Pas certain !

Et le topspin ?

Ne cherchez pas comment donner du topspin à une balle de golf, personne ne semble savoir ! Il est même quelques pros pour prétendre que c’est un mythe ! Peut-être avec un putter ?
Si notre balle roule à n’en plus finir, ce doit être un miracle ! Encore un ! Ce sport est formidable !

Pour finir faisons aussi confiance à notre cerveau

Si vous demandez à Laurent Jockshies (un pro très connu pour son enseignement du putting) de vous apprendre à maîtriser les effets, bien sûr il va vous enseigner comment faire tourner la balle dans tel ou tel sens.
Et à un moment il va glisser dans le cours cette phrase : « En fait tout est affaire d’intention ! ».
Il suffirait donc de dire à notre cerveau ce que nous voulons faire, en lui fixant des objectifs clairs, pour que notre corps trouve les bons gestes.

Essayez. Il ne suffit peut-être pas de savoir faire, il faut aussi vouloir faire…