Une routine de putting

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Comment déjouer les pentes des greens ?

La routine de putting présentée ici va paraître interminable ! Mais pas de panique il suffit de quelques secondes pour la réaliser. Souvenons-nous, sur le green le premier qui joue à droit à 40 secondes de préparation. Les suivants bénéficient du temps d’installation et de jeu de tous les précédents.

Tout ce qui est dit aujourd’hui par tous les spécialistes du putting a été formalisé par H.A Templeton, un colonel de l’armée de l’air américaine. En 1987 il publie « Vector putting : The Art and Science of Reading Greens and Computing Break« . La méthode qu’il présente dans cet ouvrage est connue sous le nom « Zero Break Line » (ZBL). En français nous parlons de « ligne de chute ».

Au putting notre attention doit se concentrer sur 3 paramètres :

pastedGraphic.png – la ligne de putt, c’est à dire la ligne que devra suivre la balle pour finir dans le trou.

pastedGraphic.png – l’alignement de la face de club, pour que la balle roule sur cette ligne

pastedGraphic.png – la vitesse de la balle pour qu’elle reste sur cette ligne jusqu’au trou.

En réalité en nous focalisant sur ces trois points, notre routine de putting n’a qu’un but : maîtriser la gravité ! Car c’est bien elle qui entraine la balle dans les pentes du green.

Visualiser la ligne de putt

Pour déterminer notre ligne de putt avec précision nous avons besoin de connaître 2 choses : la ligne de chute du trou et la ligne de base de la balle.

1 –Déterminer la ligne de chute du trou

La ligne de chute du trou (la ZBL de Templeton) ou ligne de putt droit matérialise la ligne droite qui passe par le centre du trou et qui n’a pas de dévers ni à droite ni à gauche. Autrement dit sur cette ligne « c’est tout droit ».

routine de putting

Sur l’image ci-contre où le CD représente le green et le trou central la coupe, la flèche noire matérialise la ligne de chute du trou.

Sur le green il faut la chercher. Il est parfois nécessaire de faire le tour du trou pour la découvrir et, elle peut se trouver là où on ne l’attend pas.

2 – Déterminer la ligne de base de la balle

La ligne de base de la balle, beaucoup plus facile à trouver, est la ligne droite qui va de la balle au trou. Elle coupe la ligne de chute du trou au centre de celui-ci.

Que faire de ces deux lignes
routine de putting

Le trou (Cup) est en jaune. La balle (Ball) est en bas.
La ligne de chute du trou (Fall-line) est en haut à droite.
La ligne de base de la balle (Baseline) est en noir et va de la balle au trou.

Nous voyons que toutes les balles en bleu dont la trajectoire coupe la ligne de base n’ont aucune chance de rentrer. Leur point de visée est Lo. Elles sont trop basses, la pente leur fait couper la ligne de base. Elles passent sous le trou.

Toutes les balles en rouge sont trop hautes. Leur point de visée est Hi, elles n’ont aucune chance de rentrer.

Seules les balles en vert peuvent espérer rentrer à condition de n’être ni trop longues ni trop courtes.
Remarquons que ces balles ont leur point de visée vers « Right Aim ».

Les balles trop courtes ou trop longues n’ont aucune chance de rentrer. Même si elles sont envoyées vers le bon point de visée.

Nous pouvons tirer trois leçons de ce schéma :
– la balle ne doit jamais passer sous la ligne de base. Le choix du point de visée dépend de cet impératif. Il ne doit pas être trop bas.
– Le bon point de visée (Right Aim) se situe entre un « trop bas » (Lo) et un « trop haut » (Hi). Lo et Hi ne peuvent être évalués que de manière empirique. D’où l’importance de la pratique.
– L’orientation de la face du putter se fait par rapport au point de visée.

Replaçons ces premiers éléments sur un grand classique de l’enseignement du golf : l’horloge.

routine de putting

Nous reconnaissons le cadran d’une horloge dessiné sur un green. Le trou en noir, est au centre

– La ligne de chute du trou, la ligne ou c’est « tout droit » va de 12h à 6h en passant par le trou.
– Les lignes en pointillés jaunes figurent les lignes de putt que les balles doivent suivre. Dans ce schéma, toutes les balles rentrent !
– Les flèches en rouge pointent toutes vers le point de visée.

Nous remarquons qu’elles pointent toutes vers le même endroit.

Pour un emplacement de trou donné sur un green donné il n’y a qu’un bon point de visée, où que soit placée la balle.

– Les balles situées dans le demi-cadran allant de 12h à 6h tournent toutes à gauche. Celles dans le demi-cadran 6h-12h tournent toutes à droite.
– Les balles situées au dessus de la ligne 3h-9h sont descendantes. Celles situées en dessous de cette ligne sont montantes.

routine de putting

Si nous considérons le schéma ci-contre (© Geoff Mangum), nous voyons clairement que le point de visée se situe toujours au dessus du trou sur la ligne de chute du trou (ici uphill). Plus la pente du green est abrupte plus le point de visée est haut sur la ligne de chute.

Ce point de visée n’est pas un point mais une zone d’un diamètre un peu plus important que le trou lui-même

Nous voyons que tous les putts descendants entrent dans le trou quasiment sur la ligne de chute.
Et que toutes les putts montants entrent sur la ligne 3h-9h.

Cas rare, la balle est sur la ligne de chute : les trois lignes, ligne de base, ligne de chute et ligne de putt se confondent. Il faut jouer tout droit sur le trou !

routine de putting

Exercice pratique.
– Le tou est sur la gauche du joueur.
– Le putt est descendant.
– La ligne de chute du trou est matérialisée en blanc.
– La balle se trouve dans la partie 12h-6h de l’horloge virtuelle, donc elle va tourner à gauche.
– Le point de visée est le rond blanc.
– Le joueur joue sa balle vers le point de visée.
– La gravité fait le reste !

Ce point porte divers noms : Aim-Spot ; Aim-Point; point d’évaporation; certains l’appellent même le point-G (pourquoi pas voir ici). En français Aim-point se traduit par point de visée.

Déterminer le point de visée : la méthode intuitive

C’est bien beau tout ça mais comment savoir précisément où est ce trou virtuel ? Comment déterminer le point de visée ?

D’une manière pratique et rapide il faut simuler trois putts depuis l’emplacement de notre balle :

1 – un premier selon une ligne qui manifestement va faire passer la balle sous la ligne de base.

2 – un second selon une ligne qui de toute évidence va envoyer la balle trop haut au dessus du trou.

3 – un troisième quelque part entre les deux précédent. Laissons notre cerveau faire une prédiction.
Testons là en simulant un putt, il y a de fortes chances qu’elle soit bonne.

Voici une vidéo montrant les bénéfices d’une bonne détermination du point de visée. Ce point est matérialisé par un club entouré d’une cordelette jaune.

Mais le travail n’est pas terminé, il reste à régler la vitesse de la balle

Régler la vitesse de la balle

Là encore nous devons faire confiance à notre cerveau.

Nous amateurs sommes souvent, très souvent, trop bas et passons sous le trou :
– soit nous avons mal évalué l’emplacement du point de visée,
– soit nous ne voulons pas admettre qu’il est à ce point au dessus du trou.

Nous pouvons pratiquer une approche intuitive en simulant trois putts dans la ligne que nous avons déterminée précédemment :

  • un qui sera manifestement trop court pour répondre aux deux consignes;
  • un qui sera trop long;
  • la vérité est encore entre les deux. Laissons notre cerveau choisir !

Si nous donnons à la balle la bonne vitesse, il ne reste plus qu’à laisser agir la gravité, la balle va rentrer.

– En approchant du green j’étudie sa configuration. J’ai aussitôt une idée du sens de la ligne de chute.

– Sur le green je marque ma balle, je la relève et je la nettoie ;

– Je fais le tour du trou à la recherche de la ligne de chute. Je la visualise. Je trace mentalement la ligne 9h-3h. Si ma balle est au dessus j’ai un putt descendant, si elle est au dessous j’ai un putt montant ;

– Je reviens à ma marque. Je visualise la ligne de base de la balle ;

– Je sais que je dois tout faire pour que ma balle ne passe pas sous la ligne de base ;

– Je simule trois putts vers trois points de visée potentiels. Mon cerveau me donne le bon point de visée. Je prends un repère bien visible devant la marque en direction de ce point de visée ;

– Je simule trois putts sur cette ligne pour régler l’amplitude de la frappe qui va donner à la balle la bonne vitesse ;

– Je pose ma balle ;

– Je positionne ma face de club en m’alignant sur le point de repère qui donne la bonne ligne vers le point de visée et prend mon stance ;

– Je regarde vers le point de visée 4 secondes, dernier réglage pour le cerveau ;

– Je frappe. Ben oui, il faut bien y venir !

Si ça ne rentre pas, le putt suivant sera « à donner » !

Pour toute cette préparation il n’a pas fallu plus de 30 secondes.

– Théoriquement cette approche du putting est cohérente et fonctionne. Pratiquement, dans certains cas il n’est pas très facile de déterminer la ligne de chute. Certains greens sont retords, les architectes ont fort bien travaillé !

– Et il y a des greens très tourmentés sur de courtes distances…

– Ce n’est pas non plus une méthode magique. Il faut la pratiquer régulièrement sur tous les putts pour entrainer son regard et son cerveau.

Au delà de 6 mètres les choses deviennent de plus en plus aléatoires. Plus on s’éloigne du trou et plus le facteur chance prend de l’importance. Cependant, si la démarche est bien appliquée, la balle ne passera pas loin du trou… Et le second putt sera « donné » !

– Bien sûr les défauts propres au joueur ne sont pas corrigés par miracle en appliquant cette lecture. Les coups de poignets sont toujours aussi malheureux. Il reste du travail à faire sur le grip, le stance… Il est tout à fait possible d’être un champion de la lecture des pentes et de rester un pitoyable joueur de putts !

Le putting est un compartiment du jeu trop sérieux pour être laissé à l’improvisation. Il faut accepter de consulter un véritable spécialiste et de travailler régulièrement.

Voici deux formations dédiées putting.

PuttingZone : En France Laurent Jockschies anime régulièrement des stages et forme des pros qui officient dans les clubs.

Laurent Jockschies a mis sur YouTube quantité de vidéos où il détaille la méthode PuttingZone.

Geoff Mangum a mis de nombreuses vidéos sur YouTube (en anglais)

AimPoint® : En France une dizaine de pros certifiés animent des formations.

Voici le site américain d’AimPoint®

Et une vidéo où Adrien Dubois aborde un aspect de la méthode AimPoint®.

Et il en existe bien d’autres…

Vous vous en doutez certains souhaiteraient une méthode plus rigoureuse ne faisant pas appel à l’intuition. AimPoint® Technology se targue de proposer une méthode complète de putting qui élimine les incertitudes.

Impossible d’en juger, faute d’avoir suivi une formation avec un de leurs formateurs. Les vidéos mises sur YouTube ne livrent pas le secret prétendument « le mieux garder du golf ».

Il semble cependant que les joueurs doivent évaluer avec leurs sens la pente en degrés de la ligne de chute. Il reste donc bien une part d’incertitude.

Sur les greens les pentes sont comprises entre 1 et 4°, mais peuvent atteindre 6° à certains endroits.
(En % : 1° = 1,75% ; 2°=3,49% ; 3°=5,24% ; 4°=6,99% ; 5°=8,75% ; 6°=10,5%)

Les joueurs professionnels disposent de leur carnet, rempli lors des séances de repérage. Pendant ces repérages ils utilisent tous les instruments de mesure nécessaires pour déterminer les distances, les pentes, les endroits sûrs etc. Ce carnet très personnel contient toutes les mesures et remarques dont ils auront besoin pendant la compétition. Sur les greens la moindre inclinaison est notée.

Rien ne nous interdit d’en faire autant. Il existe aussi sur internet des sites qui vendent des carnets de parcours. Les carnets pour amateurs ont peu d’intérêt. Les carnets pro sont plus rares et plus chers. Ils permettent aussi à chacun d’entrer ses propres données.

Pour ceux qui lisent l’anglais, voici deux textes plutôt théoriques pour aller plus loin :

– un texte ardu pour matheux : The geometry of Putting on a Planar Surface
– un extrait du livre de Templeton sur le site de Geoff Mangum PuttingZone