Formations et apprentissage

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Après avoir pris un cours, ou mieux avoir suivi une formation sur plusieurs jours nous avons tous ressenti une difficulté à mettre en pratique ce qui nous a été enseigné. La plupart du temps notre jeu en souffre et semble se dégrader.
Que se passe-t-il ? Comment assimiler formations et apprentissages ?

Au bout de tout cursus de formation deux hypothèses de sortie peuvent se présenter :
– l’une par le haut, nous intégrons l’apprentissage ;
– l’autre par le bas, nous revenons à nos anciennes pratiques.

Le premier scénario fonctionne pour quelques personnes. Mais hélas le second est généralement le plus probable. La résistance au changement (1) que tout individu porte en lui a produit son effet !

Ce processus agit généralement inconsciemment. Essayons de le comprendre pour mieux l’éviter.

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Formation au petit jeu
L’approche de la psychologie

Nous sommes tous conscients que c’est par l’entremise de notre corps que nous tirons le meilleur parti de nos clubs de golf. Sachant que quasiment tout mouvement passe par un ordre de notre cerveau(2), il devient certain que tout apprentissage d’un geste va passer par une phase d’éducation de notre cerveau.

Tout cela semble évident mais c’est précisément là que se cache la principale cause psychologique de notre résistance au changement. Modifier notre technique de golfeur pour l’améliorer, c’est vouloir modifier notre manière de bouger.
Or notre gestuelle est l’une de nos signatures. Comme notre voix, notre démarche ou notre visage elle nous permet d’être reconnus.

Vouloir la modifier, c’est toucher à ce qui fait de chacun un être unique, pourtant semblable aux autres Hommes.
Cette signature que nous avons construit depuis notre enfance va résister aux apprentissages qui voudraient la modifier. Et plus nous sommes âgés, plus la résistance peut se révéler têtue !

L’approche des neurosciences

Deux découvertes fondamentales des neurosciences concernant la neurogenèse et la plasticité cérébrale suggèrent que le cerveau n’est pas livré clés en main, fini et câblé à la naissance.

Tout au long de la vie :

– par neurogenèses il s’enrichit de nouveaux neurones ;
– grâce à la plasticité cérébrale il crée de nouvelles connexions neuronales qui viennent, s’ajouter, soutenir ou remplacer celles qui existent.

Finie la croyance qui voulait qu’un « capital-neurones » nous est donné à la naissance. Capital dont nous n’utiliserions que 10% au cours de notre vie. Notre cerveau s’enrichit constamment de nouveaux neurones, tout au long de notre vie.
Par ailleurs, tous nos neurones sont actifs en permanence. Tous ne sont pas sollicités en même temps, mais tous sont utiles et peuvent être mobilisés en fonction de nos activités.

En l’état actuel des connaissances il est plus juste de dire que « le cerveau est un système dynamique, en perpétuelle reconfiguration ».

Cette dynamique s’exerce notamment dans l’apprentissage et en cas de lésions du corps ou du cerveau. C’est la plasticité du cerveau qui fait que certaines personnes récupèrent, plus ou moins bien, après un accident vasculaire cérébral (AVC).

Apprendre est un processus complexe qui change à la fois la structure anatomique du cerveau mais aussi son organisation physiologique.

Mémoriser un apprentissage demande la mise en place de réseaux de connexions spécifiques entre neurones. Ces réseaux seront ensuite activés autant que nécessaire.
Selon les chercheurs il existe une fenêtre de plasticité importante pendant l’enfance. Hélas elle se rétrécit avec l’âge, sans toutefois jamais se refermer totalement. Des apprentissages même importants sont possibles à tous les âges.

Mais comme un skieur qui a fait sa trace et y repasse à chaque nouvelle descente, notre cerveau ne crée pas volontiers de nouvelles pistes ! Il choisit prioritairement les voies familières.
Cette attitude est liée au fait que les connexions entre neurones sont constamment éliminées lorsqu’elles ne sont pas utilisées et qu’à l’inverse, les connexions très utilisées sont renforcées.

Cette mécanique explique que jeune ou vieux nous possédons tous une certaine résistance au changement venue de cette « préférence » de notre cerveau pour les liaisons neuronales les plus utilisées.

Nous avons donc au moins deux bonnes raisons de résister au changement :
– l’une psychologique pour préserver une image accrochée à notre identité ;
– l’autre physiologique due à une certaine paresse de notre cerveau qui rechignerait à sortir des sentiers battus.

Un faisceau de recherches menées pendant le dernier quart du XX° siècle a prouvé qu’il existait une relation directe entre la pensée et le corps.
Le dualisme posé par René Descartes au XVII° siècle établissant que la pensée et le corps constituent deux substances qui n’ont « rien de commun entre elles » est dépassé. Aujourd’hui, pour ce qui nous intéresse dans cet article, il faut considérer que l’approche psychologique et l’approche neurologique de la résistance au changement sont les deux faces d’un même phénomène qu’il convient de traiter dans son unité.

Pour la science, apprendre est affaire de connexions entre neurones. Acquérir de nouvelles connaissances au cours d’une formation serait comme tracer une route entre deux villes en créant une nouvelle chaîne de neurones.

La chose est-elle pour autant simple ? Non car nous ne bâtissons pas notre route sur un terrain vierge. Pour ne parler que du golf, sauf si nous débutons, nous traînons avec nous pas mal de mauvaises habitudes qu’il va falloir détricoter pour en écrire de nouvelles, bonnes de préférences !

Et nous ne sommes pas à l’abri de produire de nouvelles erreurs tout au long de notre phase d’apprentissage.

Le chantier est vaste ! Il faut :
– acquérir de nouvelles connaissances,
– corriger nos anciennes erreurs qui sont autant de mauvaises connexions qui peuvent se révéler tenaces
– débusquer immédiatement nos nouvelles erreurs pour éviter qu’elles ne s’impriment dans notre cerveau.

Moralité l’aide d’un pro est indispensable. Il faut le choisir avec soin et éviter de papillonner d’enseignant en enseignant.

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L’aide d’un pro est indispensable. © Newtee

Que penser des formations par vidéo ? Du bien car elles permettent de revenir encore et encore sur la leçon. Et comme notre cerveau ne fait pas vraiment la différence entre le pro et son image, ça marche.

En entreprise une pédagogie en vogue consiste pour l’enseignant à adopter ce que les sciences humaines appellent une attitude compréhensive. Il ne s’agit pas pour le formateur d’être copain, complice, ou bienveillant, mais d’établir une compréhension du changement à obtenir. Une compréhension de ce qu’il convient d’enseigner, et de la façon de l’enseigner L’enseignant doit considérer l’élève tel qu’il est avec ses possibilités, ses qualités et ses défauts tout en renonçant à le faire entrer dans un moule.

Mais n’oublions jamais qu’une formation doit toujours être formulée positivement. Notre cerveau ne comprend pas les actions négatives. Une demande du genre « n’écarte pas tant les pieds », est irrecevable et inopérante en situation de formation, tout simplement parce que vouloir créer une chaîne de neurones en négatif est définitivement impossible…
Je ne pense pas qu’il existe aujourd’hui un enseignant de golf qui ignore cette impossibilité.

En général tous les pros terminent leurs cours en donnant des exercices à leurs élèves ! Il est en effet impossible dans le temps court d’une leçon de créer des chaînes de neurones bien établies. Ne pas faire ses gammes après une leçon est la meilleure façon de n’en tirer aucun profit.

Au golf comme en toutes matières, la répétition se révèle la meilleure façon d’acquérir de nouvelles connaissances. Encore faut-il pratiquer une répétition efficace.

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La mauvaise habitude que nous avons d’aller au practice, de prendre un seau de balles et de les tirer les unes derrière les autres à la vitesse d’une mitraillette est contre productive. Elle n’enrichit que celui qui vend les seaux de balles !

Tout d’abord il faut avoir déterminer pourquoi nous allons au practice. Pour répéter quoi ? Pour réviser quoi ? Comment ? Chaque balle jouée doit avoir un objectif

© Golf des Yvelines

Autre recommandation des pédagogues, faire des pauses. Toutes les 10 balles tirées en respectant sa routine, il conviendrait de faire une pause de 5 minutes pour permettre aux connexions que nous travaillons de s’établir tranquillement. Il faut laisser le temps à la formation de se mettre en place. La pause doit être un moment de détente qui favorise la consolidation des acquis. Ce n’est pas du temps perdu !

La répétition d’un geste établit ou renforce les nouvelles connexions entre réseaux de neurones. Le sommeil va ensuite prendre soin de ranger ces acquis dans la mémoire procédurale.
Mais attention ces connexions vont s’affaiblir dans le temps. Une chaîne de neurones qui ne travaille pas s’estompe, mais sans jamais s’oublier complètement.

Contrairement aux piles, les chaînes de neurones ne s’usent que si elles ne servent pas !

Ensuite tout va dépendre du retour à la vraie vie de golfeur ! Quand la situation de formation est terminée comment ne pas tomber dans la spirale du rejet ?

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Il faut une cure de solitude. Pas bien longue mais suffisante pour permette d’ancrer les apprentissages : practice bien sûr et pourquoi pas parcours seul.
Surtout parcours sans compter les coups. Si nous repartons dans une partie, même amicale, mais comptée, avec nos amis habituels la bataille a de fortes chances d’être perdue.

Ce n’est pas en sortant d’une formation que l’on peut briller. Pire nous risquons de mal jouer si nous n’avons pas totalement digéré notre cours. Alors sans l’avoir voulu, inconsciemment, pour donner de nous une image conforme nous retournons à notre jeu d’avant, même s’il n’était pas fameux…

Comme l’aurait (peut-être) dit François 1er au lendemain de la désastreuse bataille de Pavie (1525) : « Tout est perdu fors l’honneur ». La phrase s’applique bien au cas qui nous intéresse : nous avons sauvé notre image sociale, mais avons perdu notre temps et notre argent pour une formation qui n’aura pas survécue à notre résistance au changement.

(1) La résistance au changement a fait l’objet de nombreuses études dans le monde du travail. Normal ! L’évolution rapide des techniques et des normes pousse les entreprises à évoluer sans cesse que ce soit par nécessité, par obligation ou même par hasard.
(2) Pour les fonctions non soumises à un contrôle volontaire comme les battements du coeur, la respiration ou la mobilité intestinale nous disposons d’un système dédié appelé système nerveux autonome ou système neurovégétatif.