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Le relâchement est la clé de voûte de notre sport. Or, il ne suffit pas d’invoquer le relâchement pour l’obtenir. Souvent nos pros échouent à nous faire acquérir un jeu sans tension physique.
Pourtant nos professeurs ne manquent pas de trucs et astuces pour tenter de nous pousser au relâchement. Tel nous propose d’inclure un baillement dans notre routine. Tel autre nous conseille de nous crisper sur notre grip à l’adresse puis de tout relâcher avant d’envoyer le take away…
Et pourtant beaucoup d’entre nous n’atteignent pas leur but et gardent dans leurs mouvements une part de crispation.
Alors faut-il comme les shadoks dire « S’il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème » ? Non il y a bien un problème qui entraîne des effets non désirés, et un manque de distance et de précision.
Le relâchement, une affaire de mental
De toute évidence l’affaire ne se joue pas au niveau du physique. Il est possible d’être à la fois physiquement très souple et demeurer très tendu.
Si nous rapprochons ce problème de relâchement physique du fait que nous devons swinguer en automatique en évitant de penser, nous entrons dans une dimension mentale, celle du « lâcher prise ». Je sais ce concept est à la mode mais il n’est pas dénué de sens. Et surtout il n’est pas nouveau : nous l’avons tous pratiqué un jour ou l’autre. Alors autant mieux le connaître.
Dans l’article « Jouer au golf dans le moment présent » j’ai brièvement abordé le « lâcher prise ». Mais en lui donnant deux définitions négatives… ce qui n’est pas très positif !
Vaincre son égo
On ne peut comprendre la notion de lâcher prise sans considérer le concept d’égo. L’égo qu’il soit surdimensionné ou non est une vision théorique que j’ai de moi-même.
Le cinéma nous a habitué au spectacle de quelques égos. Zorro n’est autre que la représentation de l’égo d’un notable californien Don Diego de la Vega. Spiderman nous plonge la représentation de l’égo de Peter Parker un adolescent maladroit et peu chanceux. Superman c’est plus complexe. Dans la vie « normale » personne ne peut voir mon égo, il reste intériorisé, il n’a pas d’existence propre. Je le construis, l’embellis ou le salis, je l’admire ou le déteste, mais il reste dans ma pensée. Il est pour moi seul ce qui me différencie des autres. Par mon égo je pense exister face à tous les autres. Je pense être différent des autres. Je pense être seul face aux autres et je peux avoir le sentiment de porter le Monde sur mes épaules !
Il est facile d’imaginer tout ce que cet égo traîne d’inconfort. L’égo reste un générateur des tensions de tous ordres, physiques, psychologiques ou moraux. L’égo génère du stress.
Pour sortir de cette impasse il n’est d’autre solution que de remettre cet égo à sa place. Il faut admettre que je ne suis rien d’autre qu’un élément du grand ensemble qu’est l’Univers… Rien de mystique dans cette attitude, juste un regard scientifique sur moi-même.
Parmi les 20 éléments les plus présents dans le système solaire, y compris sa partie minérale, 4 entrent majoritairement dans la constitution de l’ensemble du monde vivant animal et végétal : l’oxygène, le carbone, l’hydrogène et l’azote. C’est à partir d’eux que se constituent les molécules carbonnées du vivant : les glucides, les lipides, les protides et les nucléotides. En ajoutant l’eau (H2O) et quelques éléments minéraux nous avons l’essentiel des constituants du vivant.
Une vidéo de 8 minutes pour réviser le sujet.
Donc je ne suis pas fondamentalement différent de mon voisin, d’une abeille, d’un platane ou d’un panda !
Cependant j’existe, l’autre existe aussi mais il n’est pas différent, je ne suis ni supérieur ni inférieur à lui, je n’ai aucun pouvoir sur lui. Et je ne suis plus seul à porter le poids du Monde. Mon égo n’a manifestement plus grande utilité une fois replacé dans ce contexte.
Reprendre sa pensée en main
Mais tout se corse si je considére que je suis doté d’une pensée. Nul doute, ma pensée est unique, même si je ne crois pas être très original ! Et cette pensée entretien avec mon égo des rapports incestueux !
L’ennui est que cette pensée est vagabonde. Elle me conduit souvent dans le passé pour ressasser quelques vieilles lunes. Parfois elle me propulse dans le futur pour y bâtir des hypothèses peu vraisemblables. Or comme le dit le chat de Geluck « On croit comme ça que les jours passent, or si on réfléchit bien, on n’est jamais qu’aujourd’hui et ce depuis la nuit des temps ».
Si le présent est le seul endroit où je vis, il est aussi le seul lieu où j’agis. Comment empêcher ma pensée de me faire voyager dans le temps m’éloignant sans cesse du moment où je peux avoir prise sur ma vie ?
C’est ici que le lâcher prise intervient.
L’indispensable lâcher prise
Tout me semble contenu dans un proverbe chinois : « Mieux vaut allumer une chandelle que maudire l’obscurité« . Autrement dit il est préférable de me concentrer sur ce que je peux réellement faire et ne pas perdre mon temps pour des choses sur lesquelles je ne peux rien.
Les Alcooliques anonymes ont une prière célèbre, dite de la Sérénité qui se situe dans le même fil de pensée : « Donnez moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse d’en voir la différence« .
Oublions que toute prière s’adresse par essence à une hypothétique entité supérieure et constatons que quatre mots s’imposent fortement dans cette phrase : sérénité, accepter, courage et sagesse. Quatre valeurs qui n’ont de sens que dans le présent. Quatre valeurs qui conviennent très bien au golf : la sérénité d’accepter la pluie, le courage d’adapter mon jeu, et la sagesse de bien distinguer les deux registres pour ne pas perdre mon temps à maudire la pluie.
Et ainsi nous appliquerons ce proverbe tibétain qui devrait définitivement nous conduire au lâcher prise : « Si un problème a une solution, alors il est inutile de s’en inquiéter ; s’il n’en a pas s’inquiéter n’y changera rien« .
Le lâcher prise est donc la double faculté d’accepter ce que nous ne pouvons pas changer et d’agir là où c’est utile, sur ce que nous pouvons changer. Mais aussi le lâcher prise est peut être et avant tout la lucidité de faire la distinction entre le domaine de l’action et celui de l’acceptation.
Imaginez la masse de stress que nous abandonnons dès lors que nous maîtrisons le lâcher prise !
Le relâchement : pour dépasser les considérations théoriques
Les solutions pour atteindre le lâcher prise et par là même le relâchement que nous recherchons sont de trois ordres :
Les solutions de fond
Tout ce qui va dans le sens d’une relaxation du corps et de l’esprit.
La méditation. Il n’est pas question de se transformer en moine tibétain. Dans une forme simple, praticable par tous, méditer consiste à débrancher la machine à penser en fixant son attention sur son souffle.
Avec un peu de pratique il est possible d’obtenir un état de relâchement en quelques secondes. Suffisant pour le temps d’un swing de golf.
J’en ai largement parlé, je persiste à vous conseiller le livre de Chritophe André « Méditer jour après jour » et d’utiliser son application pour smartphones.
Dans son livre « Je veux jouer au golf avec régularité » Jean-Emmanuel Elbaz conseille de partir sur le parcours avec une « pensée du jour », du genre « je veux aller au finish » sur laquelle centrer son esprit pendant le swing. Une manière de ne pas laisser divaguer sa pensée. Une autre façon de se mettre dans un état méditatif…
La sophrologie. Sans entrer dans le débat qui conteste à cette discipline le qualificatif « scientifique », la sophrologie peut apporter des techniques de relaxation intéressantes qui peuvent être pratiquées simplement.
L’idéal est d’acquérir quelques exercices qui sont ensuite praticables partout ou presque.
À la fin de l’article consacré aux limiteurs de vitesse, un paragraphe aborde la sophrologie et ce que nous pouvons en attendre.
Les solutions médicales
L’ostéopathie. Elle s’emploie à déterminer et à traiter les restrictions de mobilité pouvant affecter l’ensemble des structures qui composent le corps humain. L’ostéopathie repose sur un principe fondamental de globalité du corps, c’est-à-dire considérer l’être humain dans son ensemble.
Tous les golfeurs professionnels font appel à des ostéopathes. Pour nous le premier problème est d’en trouver un bon, le second étant que ce bon ostéopathe s’intéresse aux problèmes des golfeurs.
En réglant quelques points de mobilité, l’ostéopathie va assurer plus de réussite et plus de confiance, avec une répercussion sur le mental.
Jean-Baptiste Béghain, un étudiant en fin de formation à l’école d’ostéopathie de Toulouse mêne actuellement une étude dont le but est d’évaluer l’influence d’une prise en charge ostéopathique sur la performance du swing complet. Nous en reparlerons dans quelques mois.
Les solutions trucs et astuces
Internet en regorge… Tout ce qui va dans le sens de favoriser le retard de la tête de club, de produire un bon contact, de générer de la vitesse donc de la distance s’obtient avec un bon relâchement.
Toutes ces astuces ne sont pas à jeter aux orties, loin de là. Certaines peuvent même être bien utiles. Sur le site GolfInfinity Fabrice Tarnaud en a fait une spécialité et pour reprendre son jingle : « ça fonctionne ! ».
L’important pour nous golfeurs est de savoir intégrer ces trucs et astuces à notre golf qui doit rester un tout cohérent. Évitons que chaque apprentissage d’une astuce ne vienne tout chambouler. Il faut savoir faire des tris et ne pas passer au stade « éponge » du genre « je ramasse tout ».
Moi et mon golf ou mon golf et moi ?
Cependant seules les solutions de fond vont à la fois régler nos problèmes de golf, mais aussi nos problèmes personnels. Notre golf n’est pas déconnecté du reste de notre vécu.
Souvent on retourne le problème en affirmant que le golf est un mode vie. Or c’est notre mode de vie qui détermine notre golf… entre autres !
Enfin il y a ceux qui sont détendus, relâchés de naissance, toujours ou presque en pleine confiance. Ceux qui balancent avec régularité des drives vers 270 mètres ou plus, plein milieu du fairway. Ceux qui ne s’inquiètent pas du poirier qui trône à 50 mètres dans leur ligne de jeu. Toujours en plein relâchement
En réalité ils sont comme Monsieur Jourdain, ils pratiquent le lâcher prise sans le savoir ! Et ils agissent sur les bons leviers, quasiment d’instinct…