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J’insiste beaucoup sur le stress car il est vraisemblablement la principale cause de notre irrégularité.
Notamment il est largement responsable de toutes les petites crispations qui nous empêchent de créer, lors de la descente, ce retard de la tête de club, source de plus grande vitesse. Pouvons-nous le gérer avec une Power Pose ? Tentons d’y voir clair.
Les Américains très friands de sciences humaines se passionnent pour l’étude des relations qui pourraient exister entre nos attitudes corporelles non verbales et notre psychisme. Une théorie issue de ce questionnement, la Power Pose (puissance attitude) a fait le buzz quelques temps.
Jérôme Deramaix qui publie des vidéos d’apprentissage du golf vient d’ailleurs d’en proposer une nouvelle (gratuite) sous le titre « +20 % de confiance -15 % de stress, la méthode scientifique ». C’est d’ailleurs cette vidéo qui m’a donné l’idée de cet article.
Je ne vais pas répéter ce que dit Jérôme Deramaix. Je me contenterai d’aborder l’aspect scientifique de la méthode.
La Power Pose
De quoi s’agit-il ? La proposition de départ est celle-ci : « Si notre attitude est le reflet de notre état psychique peut-on inverser les choses et dire que notre attitude influence notre état psychique ? »
Si le postulat se démontre, les conséquences sont énormes car il suffirait de connaître les attitudes susceptibles d’influencer positivement notre mental pour le renforcer !
Vous voyez où je veux en venir ! Existe-t-il des gestes, des postures qui vont, comme par magie, nous donner un mental à toutes épreuves avant, pendant et même après une partie de golf ?
Les tenants de la Power Pose visent ce résultat en prétendant agir sur la production de deux hormones : le cortisol et la testostérone.
Cortisol et testostérone
Nous avons déjà parlé ici du cortisol, cette hormone qui intervient pendant les périodes de stress. Son rôle consiste alors à transformer dans l’urgence les graisses stockées par notre corps en énergie pour nous donner les moyens physiques de répondre à l’agression stressante.
En dehors des accès de stress le cortisol intervient pour maintenir l’équilibre énergétique du corps. Une sécrétion trop abondante et répétée de cette substance provoque divers troubles dont une fatigue persistante difficilement analysable. Éviter d’en produire sans raison ne présente que des avantages. Notamment celui de ne pas se ressentir en état permanent de stress.
La testostérone est l’hormone sexuelle mâle par excellence. Mais les organes féminins en produisent aussi. Ce sont majoritairement les gonades qui la sécrètent : les testicules pour les hommes, les ovaires pour les femmes. Pour les adultes la production de testostérone est 7 à 8 fois plus importante chez un homme que chez une femme. Mais les études montrent que la femme est particulièrement sensible à cette hormone. Ce qui compenserait le déficit de production.
La testostérone agit principalement sur notre activité sexuelle mais elle a d’autres effets.
L’apport externe de testostérone accélère l’activité du système nerveux, donne un moral de vainqueur et augmente le potentiel de motivation. Prise sur le long terme elle accroît la masse musculaire ainsi que la force et rend plus résistant à la fatigue. C’est aujourd’hui une substance dopante interdite aux sportifs par apport extérieur.
Inversement il a été constaté que la pratique régulière d’un sport peut augmenter naturellement les niveaux de testostérone dans le corps.
De la même façon une expérience menée à l’université du Michigan (Ann Arbor-Michigan-USA) a démontré que la production d’hormones telles que la testostérone pouvait être stimulée ou inhibée par des facteurs psychologiques.
Testostérone et psychisme constituent donc une sorte de binôme en interaction constante.
L’expérience qui se veut probante
En septembre 2010 une équipe de chercheurs des universités Columbia (New-York-USA) et Harvard (Cambridge-Massachusetts-USA) publiait dans la revue de référence Psychological Science une étude portant sur l’effet des postures corporelles non verbales sur la production de cortisol et de testostérone.
Quarante deux sujets se sont prêtés à cette expérimentation.
Avant toute chose les taux de cortisol et de testostérone étaient dosés dans la salive de chaque participant.
Puis les personnes étaient invitées à prendre pendant 2 minutes des attitudes classées selon l’impression de puissance qu’elles dégageaient (voir la planche de photos ci-dessus).
Pour finir leurs taux salivaires de cortisol et de testostérone étaient à nouveau dosés.
Les résultats parlent d’eux-mêmes : les puissance-attitudes augmentent de 20 % le taux de testostérone et diminuent de 25 % celui de cortisol.
Faut-il en déduire que nos attitudes influent directement sur nos productions d’hormones ? Pour le cortisol et la testostérone, selon cette expérience, il semble bien que oui.
Reste un questionnement. Suffit-il d’augmenter de 20 % son taux de testostérone pour accroître sa confiance en soi de 20 % ? Suffit-il de baisser son taux de cortisol de 25 % pour diminuer d’autant son fond de stress ? Pour l’instant l’expérimentation citée précise simplement que les Power Poses en agissant sur les taux de testostérone et de cortisol augment la confiance et diminuent l’anxiété.
Avoir un mental d’acier
Vous vous en doutez, en Amérique du Nord de nombreux spécialistes en sciences humaines se sont emparés de cette étude. Certains proposent des stages de coaching, d’autres recommandent chaque matin 2 minutes de méditation dans une posture de puissance-attitude.
Il ne coûte rien d’essayer, comme il ne coûte rien non plus de prendre une puissance-attitude sur chaque départ de trou pour vaincre le stress et nous donner un mental de gagnant.
Il suffit de prendre pendant 2 minutes la posture de Superman ou de Wonder Woman…
James Effacer un spécialiste américain du comportement humain nous propose ce petit exercice de 2 minutes à faire chaque matin au réveil :
– se tenir debout, les mains sur les hanches, comme Superman ou Wonder Woman (mais sans le jeu de hanches !),
– fermer les yeux,
– se centrer sur sa respiration et pratiquer une respiration ventrale profonde.
– Inspirer en 3 temps, 1 temps bloqué, expirer en 5 temps.
Ainsi nous combinons des exercices de respiration, de méditation et de puissance-attitude.
Cependant James Effacer précise qu’il ne pense pas que la Power Pose soit la panacée universelle qui réglera tous nos problèmes de confiance en soi.
Pour finir la controverse
Signalons pour terminer que les travaux de l’équipe de chercheurs de Columbia et de Harvard dirigés par Amy Cuddy sont fortement controversés. D’autres équipes de chercheurs dont celle de Eva Ranehill à l’Université de Zurich (Suisse) ne sont pas parvenus à reproduire des résultats similaires. Notamment aucune modification des taux de cortisol et de testostérone n’a été constatée après la prise d’une puissance-attitude pendant 2 minutes ou plus.
On peut lire à ce sujet un article paru dans Slate (en anglais) en janvier 2016 qui n’est pas très tendre avec la chercheuse vedette de Harvard. Un autre article paru dans ars technica en avril 2015 est plus mesuré (en anglais également). Enfin cet article en français paru sur le site du groupe Othello spécialisé dans les sciences comportementales et la communication.
Affaire scientifiquement à suivre… Cependant tout le monde semble s’accorder sur un point, action sur les hormones ou pas, les gens qui ont adopté des attitudes de puissance se retrouvent avec plus de confiance en eux.
Donc au final, pourquoi ne pas essayer !
Si vous voulez en savoir plus :
– une vidéo comique sur les « power poses » en anglais mais c’est sans importance, les images parlent toutes seules…
– Si vous aimez les shows à l’américaine, la conférence de Amy Cuddy la chercheuse de Harvard ayant participé à l’étude. La vidéo est sous titrée en français. 20 minutes de super-show !