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Le beau sujet ! La littérature est déjà abondante sur la question…
Je vais cependant tenter d’y mettre mon grain de sel tout simplement parce que je pense qu’un bon grip est un facteur important pour le mental ! Il est un bon gage de régularité donc de sérénité sur le parcours.
Il est admis que dans un swing de golf, les bras ne doivent rien faire. Tous les pros le disent, c’est avec les gros muscles du corps qu’il faut jouer, non avec les bras…
D’accord mais les bras sont quand même là, et ce sont bien eux qui par l’entremise de nos mains tiennent le club.
Si les bras ne doivent rien faire, ils bougent. Nous devons donc les mettre dans les meilleures conditions possibles pour qu’ils bougent de manière utile. En résumé ils ne font rien mais nous comptons sur eux :
– 1/ pour monter le club « vers le ciel » afin d’emmagasiner le plus possible d’énergie potentielle de pesanteur, énergie que la gravité* terrestre va transformer en accélération tout au long de la descente ;
– 2/ pour présenter la face du club square au moment de la frappe.
Et pour satisfaire à ces deux impératifs nous n’avons rien d’autre que la façon dont nous tenons notre club : le grip. C’est dire si la chose est importante.
Pour comprendre la gravité, cette vidéo empruntée à Edward Current.
C’est en anglais. En activant les sous-titres il est possible de lire, ce qui est plus facile à comprendre !
L’enseignement du grip
Pratiquement tout livre de golf comporte un chapitre concernant la bonne manière de tenir un club. Avec nos pros nous avons tous eu droit aux cours qui distinguent trois types de grips : interlocking, overlapping (grip Vardon) et de baseball.
Puis on nous a raconté des histoires de « petit oiseau » à ne pas étouffer, de « tube de dentifrice » à ne pas vider, afin de nous faire comprendre qu’il ne fallait pas se crisper sur son grip. On a tous aligné les V de nos tabatières anatomiques, à la base de nos pouces et de nos index, qui vers l’épaule, qui vers le menton, qui vers l’oreille… Au choix des pros que nous avons fréquentés. Il faut avoir enregistré tout ça, c’est utile.
D’accord mais, si sauf accident nous avons tous deux bras, deux mains et dix doigts, nous ne disposons pas exactement des mêmes possibilités de mouvement.
Un grip ça s’apprend, ça s’entretient, bref ça se travaille et généralement un mauvais grip explique un mauvais golf.
La biomécanique
Abordons la problématique du grip d’une autre manière. Voyons le club comme le 207e « os » de notre corps. Le golf n’est pas le seul sport qui ajoute un « os » au squelette humain. Au hasard, le tennis, le base-ball, le criquet, le hoquet… Tous des sports de lancer.
Si nous voulons tirer le meilleur parti de cet « os » supplémentaire, nous devons lui offrir une attache solide au squelette. Nos mains deviennent les ligaments les muscles, et les tendons d’une articulation unique et atypique sur laquelle s’attachent nos deux bras et le club.
Il convient que le club soit relié solidement à cette articulation tout en assurant à cette dernière une mobilité maximale.
Nos membres supérieurs comportent trois articulations principales : l’épaule, le coude et le poignet qui déterminent trois bras de levier, le bras, l’avant-bras, la main. Aux mains nous avons ajouté le club créant ainsi une articulation unique aux poignets…
Afin de profiter au maximum de ces trois leviers pendant tout le swing, nos bras doivent être aussi relâchés que possible. Pour cela il est nécessaire de libérer ces trois pivots.
Or, ce n’est pas seulement un problème de relâchement nerveux car selon la façon dont nous positionnons nos mains nous limitons plus ou moins l’une ou l’autre de ces articulations. Par un simple effet mécanique nous pouvons donc malencontreusement bloquer plus ou moins une ou plusieurs articulations, nous privant ainsi d’un ou deux bras de levier.
Regardez la vidéo ci-dessous d’Edouard Montaz qui en compagnie d’un kiné met en lumière ce phénomène.
Le meilleur grip est celui qui libère les mouvements des bras tout au long de la totalité du swing, de la montée au finish, en passant par ce stade capital qui porte bien son nom : release, en français libération. Phase qui se déroule du tiers bas de la descente au finish, incluant la frappe elle-même.
Comment reconnaître le bon grip ?
Comment trouver le grip qui nous convient ? C’est celui qui va nous permettre d’exécuter un swing, sans effort. Celui qui va fixer le club à l’articulation des poignets. Celui qui ne va créer aucun blocage, aucune tension douloureuse. Celui qui ne va pas faire mal au dos. Celui qui va laisser les poignets s’armer naturellement. Celui qui ne va pas nécessiter de manipuler le club à la montée ou à la descente. Celui qui va envoyer la balle vers le focus choisi !
Et cerise sur le gâteau, ce grip va permettre à l’articulation du coude de jouer librement en rotation laissant le radius et le cubitus de chaque bras « rouler » l’un par rapport à l’autre, facilitant le passage du poignet droit au dessus du gauche à la libération (inversement pour les gauchers) et la mise en bonne position de la face du club au moment de l’impact !
Bref le bon grip c’est celui qui permet de ne plus se poser de questions quand on exécute un swing. Le bon grip n’entame ni notre sérénité, ni notre plaisir de jouer au golf !
Où est donc ce grip ?
Il faut le chercher. Le practice est là pour ça. Mais il est illusoire d’imaginer qu’un bon grip peut s’acquérir sans l’aide d’un pro ! Trouver LE bon grip est quelque chose de subtil qui nécessite un regard compétent et une aide attentionnée.
Au final il faut trouver le grip qui retourne les bonnes sensations et les bons résultats.
Ensuite il faut admettre que sur le parcours il peut être nécessaire d’adapter son grip pour exécuter un coup particulier en situation inédite voire difficile. Mais quand on a le bon grip, ces adaptations sont plus faciles à exécuter. Nous savons anticiper l’effet d’un grip plus faible ou plus fort sur le vol de la balle.
Faut-il étouffer le petit oiseau ou le laisser s’envoler ?
Laissons le petit oiseau s’envoler ! Et fichons lui définitivement la paix… Oublions aussi le tube de dentifrice !
Il faut tenir et retenir le club. Pour ça il faut s’assurer que la prise reste ferme tout au long du swing, jusqu’au finish. L’idéal est d’avoir les trois derniers doigts (auriculaire, annulaire, majeur) de la main haute qui assurent une pression continue d’environ 7 sur 10.
Il y a aussi débat sur la position des deux pouces. L’une de leurs fonctions est d’assurer le stabilité du club en haut du backswing, puis tout au long de la descente. Mais ils jouent aussi un rôle important dans la répartition des forces qui s’exercent sur le grip du club. Ce qui signifie qu’ils influent sur la direction que prendra la balle et sur la longueur de son vol. (Voir l’article sur Les limiteurs de vitesse)
C’est ainsi qu’un pouce haut trop allonger provoque une prise forte et peu de mobilité, trop court la mobilité est améliorée mais la précision est moins bonne. Encore un équilibre subtil à trouver.
La prise du grip doit faire partie de la routine. Quand elle sera devenue automatique une pensée à son égard suffira.
Au final il est évident qu’un bon grip ne se trouve pas par hasard. Pour ma part après des années d’errance j’ai mis mon grip entre les mains d’un pro, Laurent Jockshies, qui avec patience et compétence m’a bâtit un grip efficace, confortable, taillé pour moi.
* Pour être tout à fait exact, pesanteur et gravité ne se confondent pas. Sur Terre la pesanteur c’est l’effet de la gravité et un petit quelque chose en moins. En effet, la Terre en tournant autour de son axe a tendance à tout projeter vers l’espace. On nomme ce petit quelque chose « accélération d’entraînement » ou abusivement « effet centrifuge ». Mais nous, humains sur Terre, c’est bien la pesanteur que nous ressentons.