28 – Le golf est un sport de routine

Temps de lecture estimé 8 minutes

Mis à jour le 12 juillet 2022

Aucun swing ne saurait-être une réussite s’il n’est précédé et suivi d’une bonne routine. S’en remettre au hasard et jouer au pif est un risque qui se paie.

Plusieurs études ont montré qu’il est possible de contrôler un minimum la montée du club, le backswing. Puis tout passe ensuite en mode automatique, l’affaire étant terminée en quelques fractions de seconde.

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Même au putting une bonne routine est indispensable

Il est donc indispensable de tout préparer avant de lancer le swing si l’on veut  que le club rencontre la balle dans l’arc, quelque part entre nos deux pieds. D’où l’importance de la routine préalable, ou routine tout court, dont la fonction est de mettre toutes les chances de notre côté.

Puis il va falloir digérer le coup. Qu’il soit bon ou mauvais il faut le traiter correctement pour le ranger, soit dans les coups « à se souvenir », soit dans les coups « à oublier ». C’est le rôle de la post-routine. Elle doit nous éviter de vivre dans le passé et nous permettre de nous consacrer pleinement au présent, pour préparer le coup à venir.

La routine préalable ou routine

Je vais décrire ma routine. Ce n’est pas obligatoirement un exemple mais elle n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte de ce que j’ai appris de mes pros, mais aussi de mes lectures et de l’observation des professionnels.

1-En allant vers la balle
Dès ce moment débute ma prise d’informations. La marche est un temps important : pour respirer en pratiquant une ou deux respirations abdominales ; pour se vider la tête du coup d’avant en pratiquant la marche en conscience ; et pour commencer à prendre des informations pour le coup à jouer.
De loin j’ai une bonne image de la topographie générale du terrain. Ma balle est-elle en pente ? Où se situent les obstacles, les bunkers ? Je commence à avoir une idée de l’endroit où il faudrait envoyer la balle pour être idéalement placé pour le coup d’après.
Une vingtaine de mètres avant la balle je cherche un repère de distance : balise, bouche d’arrosage… Je compte mes pas jusqu’à ma balle. J’en déduis la distance qui me sépare de l’entrée de green. Je sais tout de suite si je peux l’atteindre, si c’est dans mes cordes ou non.

2-En arrivant sur la balle
C’est un temps important. Bien des choses dépendent de cette première prise de contact.
Quand j’arrive à la balle mon cerveau inconscient doit m’avoir délivrer une première permission de jouer. Comment se manifeste-t-elle ? Comme toutes celles que nous allons rencontrer : par une absence d’inquiétude. Par contre si je ressens la moindre alerte, je sais que je me trouve face à une situation d’emblée inhabituelle. Par exemple je me suis égaré dans un sous-bois, dans un rough épais ! Il va falloir trouver une solution pour chasser ce stress.

Voici donc la balle. Quel est son lie ? S’il n’est pas bon, ne pas oublier de profiter, quand elle existe, d’une règle locale. En effet, certains golfs offrent la possibilité de placer la balle dans un cercle de 20 cm de diamètre, à condition qu’elle repose sur le fairway. Pour en profiter encore faut-il avoir lu les règles locales qui sont sur la carte de score ou à l’entrée du parcours. C’est une facilité gratuite ! Parfois, en compétition le comité d’organisation peut décider « qu’on place la balle ». Il est alors bien inutile de rester sur un mauvais lie.

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Quand le lie est bon ce n’est pas une catastrophe d’être dans un bunker

Ce lie va guider le choix de jeu. Je ne ferais pas tout à fait le même coup si la balle est dans un divot, dans un rough épais, plus basse ou plus haute que mes pieds, en montée ou en descente ou si elle repose sur un tapis douillet horizontal et bien vert…
Quel que soit le lie il va falloir jouer avec mes moyens et faire un choix qui va conduire à ma deuxième permission de jouer.
Toujours pas d’inquiétude ? Tout va bien ! Sinon il est indispensable de trouver comment sortir de ce stress. La solution peut-être un petit coup de recentrage, plus dans mes moyens qu’un coup long et bas entre deux arbres ? Ou alors déclarer la balle injouable et prendre un point de pénalité mais la droper à une longueur de club sur un meilleur lie. Pour une balle pluggée sous la lèvre d’un bunker cette décision peut éviter de prendre 3 points ou plus à pelleter du sable à n’en plus finir !  Troisième permission de jouer !

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Deux mètres derrière la balle

3-En zone de réflexion
Attention à partir de maintenant le règlement ne m’accorde plus que 40 secondes pour jouer ! Pas de panique 40 secondes c’est largement suffisant ! Il faut juste un peu de méthode et faire toujours les choses dans le même ordre. Notre cerveau sait travailler vite et bien pour peu qu’il soit entraîner à cet exercice.
Donc, deux mètres derrière la balle, en zone de réflexion. La prise des informations ultimes. Il convient d’être lucide et ne rien décider qui soit hors de mes moyens. De toutes façons je n’aurais pas mon autorisation de jouer !
– Les conditions météo, le vent ? D’où vient-il ?
– Ma cible, c’est à dire l’endroit précis où je souhaite que ma balle termine sa course ? Je pense au coup d’après : toujours jouer avec un coup d’avance !
La distance ? Bien sûr je sais quelle distance je fais avec chacun de mes clubs !?
– Quel coup vais-je jouer pour arriver à l’endroit voulu compte tenu du terrain et du vent : draw, fade, tout droit ?
– Vers quel focus précis vais-je faire partir ma balle pour réussir ce coup ?
Je choisis un repère d’alignement quelques décimètres devant ma balle en direction de mon focus qui lui aussi doit être concret et précis : un arbre, un repère des 135…
– Je visualise la trajectoire de ma balle, jusqu’à ma cible. Certains visualisent mieux en sens inverse, de la cible à la balle au repos. Qu’importe ! L’important est de visualiser ou de verbaliser si vous préférez vous raconter cette trajectoire.
Je sais maintenant quel club je vais jouer. Je le tire du sac.

Je suis toujours derrière ma balle. Si je dispose d’une ancre, c’est le moment de la rapeler ! Un coup d’essai complet, vers mon focus, histoire de bien l’imprimer dans ma mémoire.
Quatrième permission de jouer ? Non ! Il faut recommencer et trouver ce qui fait barrage. Deux mètres derrière la balle…
Permission de jouer ? Oui !

4-Direction la zone d’action, face à la balle.
– Je n’ai pas perdu mon point d’alignement intermédiaire vers mon focus.
– Nouvel appel à mon ancre.
– Dernier coup d’essai, complet  ! Il est bon ! J’ai bien libérer vers mon focus…
Cinquième permission de jouer ? Non !
Mais où est donc le point de blocage qui provoque cet état interne négatif ? Il faut peut-être tout recommencer ? Ne pas s’inquiéter, j’ai encore du temps…
Deux mètres derrière la balle… Ou alors un nouveau coup d’essai peut-il suffire ?

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Suivre la balle du regard jusqu’au bout de sa course

Permission de jouer ? Oui ! C’est parti… J’ai moins de 15 secondes pour profiter de mon coup d’essai conservé en mémoire de travail.

1 – Alignement
de la face de club derrière la balle vers mon point intermédiaire,
alignement pieds, hanches, épaules parallèlement à ma ligne de jeu,
2 – Positionnement par rapport la balle dans le stance
3 – grip,
4 – posture,
un coup d’œil à mon focus pour capter une dernière indication de direction et de distance.
5 – Equilibre des masses avant-arrière et droite-gauche

Permission de jouer ? Oui ! Je suis détendu, serein mais dynamique, un dernier appel à mon ancre et mon cerveau inconscient prend la main ! SWING en rythme

Le coup est joué. Mais si j’ai refusé de tenir compte d’une non autorisation de jouer, il y a de fortes chances que je sois déçu !

Voilà ma routine. Il doit être possible de l’aménager ou d’en imaginer une autre. L’important est d’en avoir une.

La post-routine

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Profitez de votre joie !

Deux cas de figure :
– la coup est bon, c’est le moment de poser une ancre. Regardons notre balle voler, rouler. Soyons heureux, félicitons-nous en silence, soyons bon avec nous-même. Profitons de cet état interne positif il pourrait nous servir si plus tard dans la partie nous avions un coup de moins bien…
– le coup est mauvais ? Surtout ne pas jeter son club ! Il n’y est pour rien et c’est la meilleure façon d’ancrer un mauvais coup. Il va rester graver dans le cerveau inconscient et il sera difficile de s’en débarrasser ! Relisons l’article « Que faire des mauvais coups de golf ? ».

Mais dans tous les cas il faut une post-routine pour aller jusqu’au bout du coup afin qu’il ne vienne pas parasiter le présent : le coup à jouer maintenant. Nous devons avoir l’esprit libre pour vivre pleinement dans le présent.

Pour éviter de trop vous concentrer sur ma routine, qui peut-être ne vaut que pour moi, bâtissez en une bien à vous. Faites vous aider par le pro de votre club.

Routine et technologie

La routine est fortement corrélée au mental. Dans notre routine nous sommes bien, nous sommes chez-nous, tranquilles ! La routine a donc une fonction au delà de la préparation du coup : mettre notre mental en état de réussir ce coup. Je vous l’ai dit souvent, l’idéal est d’amener notre cerveau à fonctionner en mode inconscient afin d’éviter qu’il se mêle de choses diverses et inutiles quand vient le moment de swinguer.

Or, il existe un petit appareil, un bandeau inventé par un Australien, le FocusBand qui nous permet de savoir quand notre cerveau fonctionne en mode conscient ou en mode inconscient.

Compte tenu de ce que les neurosciences nous ont appris, nous ne pouvons pas associer les deux modes de fonctionnement conscient ou inconscient du cerveau à l’activité d’un hémisphère ou d’un autre. Cette erreur conceptuelle est hélas fréquente. Dans la vidéo ci-dessous nous la retrouvons et Alex d’iGolfPro qui nous présente le FocusBand parle de cerveau droit et de cerveau gauche et pourtant ses explications font bien référence au mode de fonctionnement conscient et au mode de fonctionnement inconscient du cerveau.
Donc traduisons. Quand Alex dit « cerveau gauche » pensons mode conscient ; quand il dit « cerveau droit », pensons mode inconscient. C’est aussi simple que ça, mais évitons de voir une localisation géographique cérébrale du mode de fonctionnement conscient ou inconscient de notre cerveau. Le cerveau est un tout cohérent, il puise les ressources dont il a besoin pour accomplir ses tâches dans ses deux hémisphères.

Comment fonctionne ce bandeau ? Il est vraisemblable qu’il capte les ondes émises par le cerveau et en déduit que dans tel cas le cerveau fonctionne sur un mode conscient et dans tel autre sur un mode inconscient.
Et alors ? Comment faire pour qu’il soit bien en mode inconscient quand vient le moment de ne plus réfléchir et d’agir ?

Dans son livre « Je veux jouer au golf avec régularité » Jean Emmanuel Elbaz donne une méthode : avoir une pensée du jour, sorte de fil rouge du relâchement mental et au final physique, qui nous accompagne sur le parcours.

Alexis d’iGolfPro nous propose une autre méthode qu’il présente dans cet article et développe dans ses formations.
Sans formation le FocusBand ne donne qu’une information sur le mode de fonctionnement du cerveau, mais ne permet pas de passer volontairement d’un mode à l’autre. Dans les formations d’iGolfPro, le bandeau devient une aide pédagogique.

Une formation de Michel Prieu

Michel Prieu fondateur de « Golf entre deux mondes » publie régulièrement sur YouTube des vidéos d’enseignement du golf. Il en a consacré une à la routine.